Un leader dans un anonymat presque étonnant. Si l’Union Bordeaux-Bègles et le Stade Toulousain affolent les compteurs et cristallisent toutes les louanges, c’est bien le Stade Français qui est en tête du Top 14. Après vingt journées et 11 points d’avance sur le Racing troisième, les hommes de Laurent Labit se dirigent vers les demi-finales d’une saison pour le moment maîtrisée d’une main de maître.
Pourtant, cette pole position qu’occupe depuis plus de deux mois le club de la capitale n’est pas sans critique. En cause : un jeu trop restrictif. « C'est parce qu'on n'est pas très glamour, on ne plait pas trop aux fans de rugby qui aiment le jeu à la toulousaine et peut-être aussi parce que c'est le club de la capitale », admet son talonneur Lucas Peyresblanques en conférence de presse via France Bleu, avant d’affronter samedi Bayonne.
« Nous ne sommes pas dupes de notre niveau », a concédé de son côté Laurent Labit dans un entretien accordé à Midi Olympique. Pour l’ancien manager racingman : « ce serait mentir d’affirmer qu’on avait imaginé que nous serions premiers du championnat avec onze points d’avance sur le troisième à ce jour ».
Une attaque moribonde…
Loin des envolées toulousaines ou de la furia bordelaise, les Parisiens caracolent en tête sans proposer le plus captivant des rugby. Paris affiche même la deuxième plus mauvaise attaque du championnat. Seulement 412 points marqués en vingt rencontres, soit 21 en moyenne. À titre de comparaison, le Stade Toulousain, meilleure attaque du Top 14, affiche une moyenne de 28,7 points par match. Seul Montpellier (395 points au total), actuel treizième du championnat, possède un plus mauvais rendement offensif.
Seul coup d’éclat dans une saison stérile, l’essai de l’année marquait par la fusée fidjienne Peniasi Dakuwaqa contre le Racing. Mais à part cet exploit individuel, les supporters des soldats roses n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent. En atteste la rencontre face à Montpellier lors de la dernière journée de Top 14 où la pink army a difficilement dominé des Montpelliérains approximatifs (10-12). Une victoire glanée grâce au pied de leur buteur Joris Segonds, auteur de l’ensemble des points.
« On préfère faire un jeu moche et gagner », a expliqué celui qui rejoindra la saison prochaine Bayonne. Sans dégager une parfaite maîtrise durant 80 minutes, les Parisiens ont, comme souvent cette saison, le dernier mot. Une efficacité déconcertante qui frise parfois l’insolence tant ils ont su retourner des situations mal embarquées pour finalement s’imposer. Si certains diront que cette réussite n’est que le fruit de la chance, force est de constater que Paris a fait de ce pragmatisme une marque de fabrique.
… mais une défense de fer
À défaut d’avoir une attaque de feu, Paris s’appuie sur une défense hermétique. Avec 332 points encaissés, le Stade Français est tout simplement la meilleure défense du championnat (soit une moyenne de 17 points par match), devant les Rochelais (347). À l’heure où le rugby veut gagner en rapidité, Laurent Labit et Karim Ghezal, fraîchement débarqués du staff de l’équipe de France, prônent une philosophie basée sur les fondamentaux. Une qualité défensive que les Parisiens doivent à Paul Gustard. Le Britannique, passé par le staff du XV de la Rose, a réussi à faire de Paris un mur infranchissable à l’extérieur comme à Jean Bouin. En plus d’être de loin la meilleure équipe hors de leur base (24 points), les joueurs de la capitale n’ont concédé la défaite que cinq fois cette saison.
Mais peut-on devenir champion sans briller offensivement et en jouant à se faire peur ? Dans les faits, l’histoire récente nous prouve que oui. En 2022, Montpellier soulevait le bouclier de Brennus aux dépens de Castres. Une finale de Top 14 qui aura consacré une équipe qui durant toute la saison a produit un rugby laborieux.
Mais si la jeune garde parisienne aura à coeur d’imiter ses homologues montpelliérains, elle devra gérer le retour d’un peloton ambitieux. Les grosses cylindrées, à l’image du Stade Toulousain, de l’UBB et de la Rochelle devraient finir fort en récupérant un effectif pléthorique. De son côté, Paris, éliminé de la Coupe d’Europe, pourrait pâtir d’un manque de rythme, souvent préjudiciable lors du sprint final.
D’autant plus que le calendrier qui les attend à de quoi faire trembler avec notamment des confrontations directes contre le Stade Toulousain, l’UBB et Toulon. « L’objectif, c’est d’être en phase finale et d’être en capacité de remporter le titre de champion de France », assure Laurent Labit. Une victoire à Marseille le 28 juin prochain et les Parisiens soulèveraient de nouveau le bouclier de Brennus. Un titre qui leur échappe depuis maintenant neuf ans. D’ici là, le chemin jusqu’au Vélodrome reste encore long.
noComment
Petit rappel : malgré cette affirmation " Les grosses cylindrées, à l’image du Stade Toulousain, de l’UBB et de la Rochelle devraient finir fort en récupérant un effectif pléthorique. " , la phrase est fausse et l'adjectif pléthorique totalement inadapté!
le nombre de contrats par club pro est sensiblement le même et les 3 nommés n'ont pas plus de contrats joueurs que le SF ( SF = 37 dont 1 joker et 6 espoirs ayant joué en top 14 ; UBB 33 pro et LBB, Gazzotti, Depoortere, Vili et qlq autres espoirs; La R 32 pro et 10 espoirs dont Reus, Jégou ; ST 33 et des jokers et Ntamack , Castro - F et Merkkler dans la dizaine d'espoirs ).
breiz93
Après le match contre Bayonne, on voit que le mental est une arme précieuse pour Paris...
gilbertgilles
Ils n'ont pas que la défense. Il y a un gros pack à Paris qui leur assure une bonne conquête à même de priver leurs adversaires de bons ballons et qui leur permet même d'en récupérer pas mal! J'aimerai voir leur stat sur les "turn over". Mèfi quand même, Paris n'est pas là par hasard. 😉
pascalbulroland
Une bonne mêlée, une bonne touche et une défense de fer permet au SF d'être 1er, et qu'on aime ou pas le jeu qu'il pratique, ça se respecte, car ils n'ont pas volé leurs matchs...
Labit et Ghezal ont repris les bases qu'ils avaient mis en place en EDF, le reste s'est forgé au fur et à mesure des victoires et que le championnat avançait, créant un groupe très solidaire, ce qui pour moi fait la force de cette équipe.
Seul le SR leur a mis une fessée en jouant sur leurs points forts quand Toulouse s'était trompé dans sa stratégie et avait buté contre une défense très en place...
Le SF est un concurrent très sérieux au titre, certes avec un jeu limité mais sûr de ses forces
breiz93
Même les supporters parisiens sont frustrés par le jeu du SF.
Gagner moche, ou perdre beau ...?
Je connais la réponse du Dr Wild...
Nadapon
Soyons positifs, après avoir perdu moche très souvent ces dernières saisons, le SF gagne moche, gagner beau viendra peut-être l'année prochaine. Espérons le.
alan75
Sur les tablettes ne reste que le résultat, pas la façon de l'obtenir...
A tout prendre je préfère une équipe avec un jeu austère qui gagne à une équipe avec un jeu austère qui perd.
Pour le reste faites revenir les Majorettes ! 😉
NeST
Wild : gagner, quelle que soit la méthode.
Cela dit, plusieurs fois lors de ses derniers matchs, le SF est passé très près d'une défaite.
On va bientôt avoir la réponse sur la meilleure stratégie : la défense (SF) contre l'attaque (ST, UBB).