Il y a des séries que l'on aime parce qu'elles vous font revivre des souvenirs d'équipe, des liens forts avec les camarades du rugby. On se retrouve et on se reconnait dans les profils à l'écran. C'est le cas de Terrain Favorable. Le 1er juin, la quatrième (et dernière ?) saison sortira sur Youtube.
Pour l'évènement, sponsorisé par la Société Générale – Par amour du rugby, se tenait une avant-première à Saint-Jean-de-Luz. La web-série a encore une fois su nous faire vibrer et revivre les émotions que nous avons maillot sur le dos. On y était et on vous raconte !
Le choix du lieu n'a rien d'étonnant puisque le tournage s'est déroulé en terrain basque, dans les clubs de Saint-Pée-sur-Nivelle et Ciboure. Au programme, encore un casting de légendes...Jonny Wilkinson, Matt Giteau, Richie McCaw et Christian Califano sont venus accompagner les jeunes joueurs basques. L'ancien ouvreur des All Blacks, Dan Carter est aussi de la partie puisqu'on le retrouve chez lui en Nouvelle-Zélande.
Ce mercredi 24 mai, les cinéphiles invités se bousculent devant le cinéma Le Sélect de Saint-Jean-de-Luz. Les lumières se rallument quelques épisodes plus tard tandis que la salle se remet de ses émotions. Fidèle au poste depuis la première saison, Thierry Dusautoir se confie à notre plume accompagné d'Imanol Harinordoquy, présent dans la série (lui aussi !).
L'ancien capitaine des Bleus fait maintenant partie du décor. Il est le premier à nous partager son expérience de tournage.
Quelle a été ta saison préférée ?
C'est difficile de choisir. Les plus impactantes pour moi ont été les deux dernières. La saison 4 est super intéressante. On est à la fois sur du local, on est en France mais on va aussi à l'étranger alors que la saison 3 était exclusivement à l'étranger. Cette saison (3) me tient particulièrement à coeur parce qu'on est allés en Côte d'Ivoire, dans la ville où j'ai grandi. Il y a un lien affectif qui est assez important avec la saison 3.
Que t'a apporté le rugby depuis que tu as commencé ?
Quand je vivais en Côte d'Ivoire, je ne jouais pas au rugby parce que le club n'existait pas. J'ai connu le rugby en France, en Dordogne, à Trélissac. Là où j'ai été particulièrement ému, au-delà de voir ma famille, c'est de voir qu'un club de rugby s'était monté pendant mon absence. Finalement, on pouvait retrouver chez tous ces jeunes qui pratiquaient, la même passion qu'on trouve ici dans les villages du Sud-Ouest et d'ailleurs. À titre personnel, le rugby m'a énormément construit. J'ai commencé le rugby à l'âge de 15-16 ans, à l'adolescence et ça m'a aidé à avoir confiance en moi. Ça a été très très important dans ma construction en tant que personne.
Que t'a apporté cette expérience dans Terrain Favorable ?
La série est très intéressante parcequ'elle utilise la notoriété des ambassadeurs comme un outil pour mettre en lumière la vie de l'ensemble des joueurs et des clubs. Elle permet de montrer dans des villes dites « communes » qu'il y a toujours quelque chose de particulier et de riche. Je pense que toutes les personnes qui ont un jour pratiqué le rugby se retrouvent dans ces personnages-là, dans ces histoires-là. Il y en a au moins une qui nous dit « ça, c'est moi ! ». Je trouve ça super fort.
Aussi, on voit bien comment le sport en général et le rugby en particulier peut être un bel outil social et d'inclusion. À Madagascar, avec la place de la femme dans la société et dans la saison 3, en Inde. Les jeunes filles jouaient au rugby et on a vu à quel point c'était difficile pour elles mais à quel point c'était important qu'elles s'affirment par ce biais-là. C'est la richesse du sport qui me marque le plus.
Quelles rencontres ont été les plus marquantes ?
À Roubaix, ça m'a marqué. Le club de rugby de Roubaix était au centre de la vie sociale de la ville. Y avait des gars qui venaient des cités avec des origines différentes, des kinés et des pharmaciens et ils ne faisaient qu'un. Le sujet était de montrer qu'avec nos spécificités et nos origines différentes, on peut faire société. C'était assez intéressant, assez fort.
En Côte d'Ivoire, avec Zozo qui maintenant joue à Terrasson (en Dordogne, là où vous-savez-qui a commencé, NDLR).
Au Japon, on est allés dans une ville détruite par un tsunami en 2011. L'idée était de voir comment la communauté s'est reconstruite en se donnant comme objectif de pouvoir accueillir un match de la coupe du monde. C'était assez impressionnant car les gens nous expliquaient qu'ils avaient perdu leur famille dans cet épisode-là et comment le rugby les avait aidés. Ça m'a vraiment marqué.
Siya Kolisi m'a beaucoup marqué aussi. Il a une histoire personnelle qui est très très forte et sa carrière sportive est vraiment impressionnante. Lui aussi, c'est un sacré personnage. »
Qu'est-ce que cette expérience t'a apporté ?
Le rugby est la colonne vertébrale dans leur vie.
« J'ai voyagé énormément, j'ai rencontré des gens vraiment différents culturellement et socialement. On voit que le rugby est la colonne vertébrale dans leur vie. Ce sport leur permet de se rattacher à certaines valeurs. Je peux vous dire que chez ces personnes-là, et on le voit bien dans les épisodes, sans même qu'il y ait des éléments de langage, vous pouvez ressentir que le rugby structure leur vie, les aide à sortir d'une situation compliquée et à devenir de meilleures personnes. C'est ce qui me marque le plus de me rendre compte que ce sport a eu un impact similaire sur la vie des autres qu'il a eu sur la mienne. C'est assez sympa. », ajoute-t-il en esquissant un sourire.
Quelle conclusion tires-tu de cette aventure ?
« Les conclusions, chacun peut les faire. Chaque sport vient avec ses clichés et ses préjugés. Le rugby est un sport vraiment très humain et très inclusif. C'est le postulat de base. Chacun vient avec son physique et ses qualités et va trouver une place, une utilité dans l'équipe. C'est vraiment la force de ce sport. C'est pour ça que tous ceux qui l'ont pratiqué ne s'arrêtent pas au combat, au côté violent. Je le comprends, quand on vient regarder un match, on se dit « Ouw qu'est-ce qu'ils se mettent dedans ! ». Mais quand on commence à rentrer dans un club, on comprend la culture du club. On voit qu'il y a un gros combat sur le terrain mais c'est sans animosité réelle parcequ'il y a la camaraderie entre les deux équipes à la fin. Ça permet de mieux comprendre ce qui nous anime tous. On le voit en France où il y a de plus en plus de jeunes filles qui jouent au rugby, avec une équipe de France féminine qui est performante. », conclut-il.
Au tour du local de l'étape, Imanol Harinordoquy.
Ton meilleur souvenir de tournage ?
« Ça a été surtout la rencontre, de pouvoir retrouver les joueurs parce qu'on s'est affrontés longtemps, souvent et ils nous ont souvent battus aussi ! (rires) Notamment Matt Giteau, Dan Carter et Richie McCaw, donc on a pas toujours des super souvenirs sportifs. Mais finalement, c'est dans ces moments-là, qu'on crée du lien. Il y a beaucoup de respect et quand on se retrouve, on reparle de tous ces moments avec pas mal d'émotion et de tendresse. Ça nous rapproche et même si l'on habite très loin les uns des autres, quand on se retrouve ça reste toujours des moments singuliers. »
Est-ce que cette saison au Pays Basque a une saveur particulière ?
C'est le sport numéro 1 au Pays Basque.
« Le lien entre le Pays Basque et le rugby est un lien très fort, vicéral. Dans toutes les familles, il y a toujours un joueur de rugby quelquepart. C'est le sport numéro 1 au Pays Basque. Il y a toujours cette suprématie des guerres de clochers, de petits villages. Il faut battre l'ennemi juré du village d'à côté pour être le plus fort parcequ'on représente toute la famille et le club. Il y a cette fierté. Même si on ne joue pas bien, c'est pas grave, ce qui est important c'est de gagner les matches ! Il existe cette rivalité puis la popularité, en tout cas l'esprit de troisième mi-temps. C'est de se taper dessus pendant deux mi-temps mais aussi de se retrouver avec beaucoup de respect et se rassembler. Outre le fait que ça soit une religion, c'est quelquechose qui rassemble vraiment les gens, ici, au Pays Basque. »
Est-ce que tu prends plus de plaisir à transmettre et recevoir de la gratitude ou à le vivre toi-même ?
« Chacun le vit différemment mais moi j'ai toujours aimé transmettre, même très jeune. J'ai une académie de rugby, ici au Pays Basque. Tous les étés, on fait des stages et j'aime beaucoup transmettre, surtout aux jeunes parce qu'il y a beaucoup d'authenticité, de spontanéité et de naturel. C'est pas parce que t'es le meilleur joueur du monde, qu'ils vont pas te dire un truc ! D'avoir à faire à beaucoup de spontanéité et de pas avoir une étiquette de grand joueur, c'est très gratifiant. On reste des joueurs de rugby, à part entière. Le fait de partager des moments comme ça et d'avoir des sourires en retour et de vivre des moments uniques, c'est gratifiant. On le voit sur les épisodes, il y a beaucoup d'authenticité, on a même l'impression que les caméras ne sont pas là. On voit que ça triche pas et y a beaucoup d'émotions dans toutes ces images. »
Qu'est-ce que cette expérience t'a apporté ?
« J'ai eu la chance de beaucoup voyager grâce au rugby et de me rendre compte et de découvrir que le rugby pouvait énormément rassembler, unir et faire grandir des jeunes n'importe où dans le monde. Il suffit juste d'un ballon, après, le terrain y a pas besoin d'avoir un green. Un bout de terrain, un parking, une plage, on peut jouer partout avec un ballon de rugby. Ça permet à ce sport de se développer et d'être accessible à tout le monde. Quand on voit les images à Madagascar, c'est très touchant de voir le bonheur que ça procure à des enfants qui n'ont rien du tout.
C'était sympa de faire partager la culture du Pays Basque. On a joué à la pelote avec Matt Giteau et Jonny Wilkinson. Même eux qui ont tout vu dans leur carrière et dans leur vie, bon, ils avaient jamais joué à la pelote. C'était aussi sympa de transmettre. Eux étaient là pour nous apporter quelque chose mais nous aussi, on était là pour leur apporter cette culture du Pays Basque. »
Que dirais-tu à Imanol à son début de carrière ?
« Comme tous les sportifs de haut niveau, on grandit et on évolue. Moi, j'ai commencé très très jeune et c'est le rugby qui m'a permis de devenir l'homme que je suis aujourd'hui. J'étais jeune et aujourd'hui je suis marié, j'ai des enfants. On grandit en tant que joueur mais on grandit aussi en tant qu'homme. Ça changerait pas de ce que je me suis dit au début. C'est de profiter de tous les moments et surtout des moments de partage parce que quand on s'arrête, on se souvient surtout de l'aventure humaine. Ça c'est vrai à tous les niveaux donc c'est ça qui est important. »
Cette saison 4, qui sortira le 1er juin sur la chaîne Youtube de Société Générale, a de belles promesses à tenir. De ce qu'on a vu, il y a de sacrés moments de partage et de rugby. On a été émus devant nos écrans, alors pari tenu ! Et puis rien que pour voir Jonny Wilkinson jouer à la pelote, ça vaut le coup...
Mise à jour 01.06.2023 : la saison 4 est sortie ! Vous pouvez la consulter ici dès aujourd'hui : https://www.youtube.com/playlist?list=PLO28QHeP4SE7lu533jwO79YpWZiyZ0wmD
La saison 1, saison 2 et saison 3 sont déjà disponibles sur Youtube et offrent (elles aussi) un joli spectacle.
Cet article est le compte rendu de la soirée d'avant-première à Saint-Jean-de-Luz, il n'est pas sponsorisé.
jujudethil
J’ai visionné plusieurs épisodes qui sont disponibles sur YouTube, c’est vraiment sympa ,de beaux reportages.
margaux larriviere
Ravie de vous avoir partagé cette série ! Qui vaut le détour.
duodumat
@Margaux Larriviere
Bravo pour cet article et ces deux interviews de deux joueurs que j'ai adoré. Je les aime encore plus pour leurs propos sur l'aspect humain et le rôle socio-inclusif et éducatif du rugby.
Continuez avec ce genre de texte.
Merci.
margaux larriviere
Merci ! Au-delà de leur carrière, ce sont deux hommes très intéressants. Leurs propos étaient plein de bon sens et de valeurs qui, (je l'espère) fonderont la société de demain !