VIDÉO. Harinordoquy sur sa fin de carrière à Toulouse : ''je ne remercierai jamais assez Guy Novès pour ça''
Après 17 ans de carrière, Imanol Harinordoquy a fait ses adieux au rugby, devant le public d'Ernest-Wallon.
Découvrez ici ce troisième et dernier article consacré à la légende Imanol Harinordoquy, et notamment sur sa fin de carrière inespérée au Stade Toulousain.

Après avoir découvert de nombreuses anecdotes sur le Haka de la finale de la coupe du monde 2011, ainsi que sur la naissance du "basque masqué", il est temps de découvrir la fin de carrière de la légende Imanol Harinordoquy, vu par ce dernier. Dans cette vidéo faite par la chaîne Youtube Hika change de Cap, l'ancien international du XV de France est revenu sur son transfert de Biarritz à Toulouse, mais également sur les conditions qui l'ont d'abord amené à ne pas prolonger dans son club de cœur : "Je finissais mon contrat ici à Biarritz et je sortais d'une année très compliquée, en plus où on descend en Pro D2. Moi, j'étais sur une jambe et je n'arrivais pas à enchaîner les matchs. J'avais l'entraînement souffrant (...) donc je comptais arrêter ma carrière en 2014". Une retraite que le troisième ligne aurait à l'époque déjà bien méritée, au vu de toute l'énergie qu'il a déployé durant sa carrière. Mais voilà, un coup de fil va faire totalement changer d'avis Imanol : "Il y a Jean-Baptiste Élissalde, dont je suis proche, qui m'a appelé deux ou trois fois pour me dire que Guy Novès allait m'appeler. À l'époque, j'avais d'autres propositions que j'ai décliné, car je ne me sentais plus capable de jouer. Et donc il y a Guy Novès qui m'a appelé effectivement (...) et qui me dit qu'il a besoin de moi à Toulouse".

VIDÉO. RUGBY. CDM 2011. Imanol Harinordoquy : ''Ce n’était pas du tout le V de la victoireVIDÉO. RUGBY. CDM 2011. Imanol Harinordoquy : ''Ce n’était pas du tout le V de la victoire"Une proposition qui surprend Harinordoquy, au vu des antécédents entre Toulouse et Biarritz : "on s'est accroché quelques fois". Flatté mais usé, ce dernier refuse dans un premier temps cette proposition : "Je ne peux même pas courir donc je ne vais pas te dire oui (...) et il me dit "la seule chose que je veux savoir c'est si t'as encore l'envie". Et là forcément t'as la petite flamme qui est en toi qui s'embrase". Une conversation qui fera réfléchir Harinordoquy, avant que celui-ci accepte de rejoindre Toulouse pour une saison. Et après de multiples soins, et énormément de travail, l'ancien Biarrot refoulera les pelouses du Top 14, lui qui croyait ne jamais revivre ça. Animé par l'envie de bien finir, Imanol fera une première saison excellente, avant de prolonger une dernière année. C'est donc à 36 ans, et après plus de 17 saisons en tant que joueur pro, que le basque bondissant termina sa carrière, sous les hommages du stade Ernest-Wallon : "J'ai eu la chance de pouvoir finir sur le terrain, à Toulouse, de faire ma sortie avec tous mes proches, ma famille, mes amis (...) j'ai eu cette chance là et je ne remercierai jamais assez Guy Novès pour ça".

VIDÉO. Biarritz. ''Je n'y voyais rien'' : le jour où Harinordoquy a joué une demi-finale avec un masque en mousseVIDÉO. Biarritz. ''Je n'y voyais rien'' : le jour où Harinordoquy a joué une demi-finale avec un masque en mousseUne fin de carrière de rêve pour cette immense joueur de rugby, qui aura marqué toute une génération de par son courage, mais également de par ses qualités balle en main. Pour découvrir l'interview toute entière de ce géant, on vous met le lien de la vidéo juste en dessous.

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  • Yonolan
    198745 points
  • il y a 2 ans

Pour ceux qui ne connaissent pas voici le courrier d'Imanol lors de sa venue à Toulouse imaginée par Ovale masqué
Un grand moment :

Cher Dimitri,

Je t'écris ces quelques lignes alors que je m'apprête à m'embarquer dans une nouvelle aventure. Un nouveau challenge, un grand challenge, bref, un challenge à la hauteur d'Imanol Harinordoquy.

Comme tu le sais, j'ai en effet décidé de quitter Biarritz pour rejoindre le Stade Toulousain, ce petit club que nous avions écrasé toi et moi en 2006. Ah, que de bons souvenirs ! Quand j'ai un peu le blues, même si ça ne m'arrive pas souvent (après tout, je suis Imanol Harinordoquy, de quoi ai-je à me plaindre?) je me repasse ce passage où Damien Traille met un cadrage débordement à Frédéric Michalak. C'est imparable, ça me donne toujours le sourire. Nous étions si forts à l'époque, que nous arrivions même à faire marquer des essais à Jean-Baptiste Gobelet. Ah mon BO, qu'es-tu devenu...

Après l'officialisation de la descente en ProD2, due à l'incompétence des 13 joueurs que Serge avait sélectionné pour nous entourer, j'ai beaucoup réfléchi. Comme tu t'en doutes, j'ai croulé sous les offres : le Japon, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud, Castres... des contrées lointaines et mystérieuses, de nouvelles cultures à découvrir. J'ai été tenté. J'aurais également pu arrêter ma carrière, comme tu l'as fait. Mais la génétique est inégale et contrairement à toi qui mettais une demi-heure à extraire le ballon d'un ruck cette saison, mon physique me permet encore d'évoluer au plus haut niveau.

Certes, je le reconnais, j'ai eu quelques soucis de santé récemment. Mais grâce à la sagesse de Philippe Saint-André, qui a décidé de se passer de moi lors des derniers rassemblements de l'équipe de France, j'ai pu me reposer au mieux. Pour le remercier, je lui ai d'ailleurs offert un polo de la marque H. Tu aurais dû le voir, il était si ému de recevoir un cadeau d'un grand joueur comme moi, qu'il était en larmes quand je lui ai apporté ! Enfin, tu connais Philippe, il est tout le temps en train de pleurer de toute façon.

Après de longues négociations – René Bouscatel voulait me donner le même maigre salaire que mon suppléant en équipe de France, Louis Picamoles, ce que j'ai bien entendu catégoriquement refusé – j'ai donc choisi Toulouse, qui est tout de même le club le plus titré de France, comme je l'ai découvert sur Wikipédia (Serge m'avait pourtant assuré que c'était Biarritz !). Je sais ce que tu vas dire, il s'agit là d'une équipe sur le déclin, tellement à la ramasse qu'elle se met même à recruter des joueurs à Bayonne. Et c'est vrai.

Mais justement, je me suis dit... et si j'étais l'élu, celui qui rendra sa dignité à cette équipe, qui l'emmènera à retrouver sa gloire passée ? Ca, c'est un défi. En comparaison, quel mérite aurais-je eu à compléter mon riche palmarès à Toulon ? J'imagine que Mourad Boudjellal rêvait d'associer Juan Smith, Chris Masoe ou Fernandez-Lobbe à côté d'un des plus grands N°8 de l'Histoire... mais je suis un homme, pas une image panini destinée à un riche collectionneur.

Et puis Toulouse, c'est l'occasion de revoir en action la troisième ligne légendaire que je formais avec Thierry Dusautoir à Biarritz ! Yannick Nyanga pourra reprendre le rôle de Serge Betsen, s'il se laisse pousser des tresses et qu'on lui taillade le visage avec un cutter, il sera vraiment parfait. Oui mon cher Dimitri, comme tu le vois, je suis vraiment motivé par ce nouveau projet. Certes, il y aura du boulot et j'ai déjà constaté plusieurs erreurs de management flagrantes depuis mon arrivée. Mais rassure-toi, quand je m'occuperai du programme des entraînements et de la composition d'équipe, comme je le faisais au BO, je pense que tout ira bien mieux.

Car pour le moment, je dois dire que j'ai été assez déçu, si ce n'est choqué, de voir comment les choses fonctionnent par ici. On frise en effet l'amateurisme le plus total. Cela a très mal commencé dès mon premier soir en ville. Je suis allé dîner dans un restaurant cossu du centre, près de la place du Capitole, un endroit où je verrai d'ailleurs bien une statue à mon effigie - après tout, Thierry Henry en a bien eu une à Wembley, et le seul fait d'armes de sa carrière est d'avoir fait un en-avant contre l'Irlande. Moi, l'Irlande, je leur ai planté des dizaines d'essais !

Bref, j'étais donc dans un restaurant près de cette place et à la fin du repas, le choc. Le serveur m'a demandé de régler la note ! Bien sûr, je me suis levé, furieux. « Vous savez qui je suis ? », je lui ai demandé. Le type ne m'a pas répondu et m'a fait escorter en dehors de l'établissement par deux grands blacks baraqués. J'aurais pu les briser d'une seule main si je l'avais voulu, mais je n'ai pas osé. Si ça se trouve, il s'agissait de Fidjiens qui jouent au Stade et qui cherchaient là à arrondir leurs fins de mois... et comme tu le sais ce n'est pas mon genre de frapper mes coéquipiers.

Le lendemain, nouvelle déception. Pour le premier jour d'entraînement, j'ai voulu prendre mes aises à Ernest-Wallon et j'ai constaté qu'on m'avait alloué un casier à côté de Matanavou et Lamboley. Évidemment j'ai refusé de m'habiller à côté de ces deux joueurs de seconde zone ! J'ai donc décidé d'installer mes affaires dans le casier de Picamoles, qui n'est pas encore de retour à l'entraînement. Ca lui apprendra à être un tire-au-flanc ! Des vacances pour les internationaux, et puis quoi encore... de mon temps, les jeunes étaient de plus gros bosseurs. Je m'inquiète de voir ce qu'est devenu le rugby professionnel !

Fatigué par cette première journée éprouvante psychologiquement, j'ai logiquement décidé de quitter les lieux sans m'entraîner. William Servat, qui était occupé à apprendre à Tolofua à se servir de ses mains en lui faisant participer à un atelier de pâte à modeler, n'a même pas remarqué mon absence. Pas plus que Jean-Baptiste Elissalde, qui avait la tête plongée dans un quelconque ouvrage. Je pensais qu'il s'agissait d'un livre de tactique, mais en m'approchant j'ai constaté que c'était le dernier Marc Levy. Cela m'a rappelé que je dois penser à écrire mes mémoires. J'aime l'idée d'apporter un témoignage pour les générations futures. Et qui sait, un jour, mes écrits seront étudiés lors du baccalauréat ! Je pense que cela parlera bien plus aux jeunes que des auteurs datés et absKons comme Victor Hugo. Pour un jeune, Victor Hugo, c'est juste un type qui a donné son nom à plein de rues. D'ailleurs, je me demande quand on pensera à en nommer une à mon nom à Biarritz... il faut que je pense à passer un coup de fil à Serge, qui ordonnera probablement au maire de faire ça au plus vite.

J'attends maintenant de rencontrer celui qui sera, j'imagine, mon adjoint tout au long de la saison : Guy Novès. Lui aussi était absent lundi, ne voyant pas l'intérêt, je cite, « de prendre part à un entraînement avec des joueurs de merdre qui ne sont même pas internationaux ». Je le comprends bien. Moi-même, ça ne me plait pas beaucoup d'avoir à côtoyer ces gars-là, mais après tout je viens d'arriver au club, il faut rester humble et discret, rentrer dans le rang. Je sais aussi que ce vieil homme fait une sorte de fixette sur les doublons... j'espère qu'il ne m'en tiendra pas rigueur lorsque je ferai mon grand retour avec le XV de France en 2015, juste à temps pour participer à la Coupe du Monde.

J'espère que de ton côté, tout va bien. Je t'ai vu récemment dans une pub pour Petrol-Han, tu m'avais l'air très affuté. Si jamais une malheureuse blessure devait pousser le Stade à rechercher un joker médical, sache que je ferai peser tout mon poids pour que tu sois recruté pour une dernière pige prestigieuse. Certes tu es lent et fatigué... mais j'ai vu Jean-Marc Doussain à l'entraînement, cela ne devrait pas changer grand chose au final.

Force et honneur,
Imanol Harinordoquy.

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