Alors que le Racing 92 vient d’être éliminé de la Champions Cup, qui était pourtant l’objectif principal de début de saison, après un match catastrophique à Glasgow la semaine dernière (défaite le 16 décembre 2016, 23 à 7), le Castres Olympique se déplace à Colombes où le Racing n’a perdu qu’un seul match en Coupe d’Europe face à Glasgow cette saison.
Pour rappel, le CO est la seule équipe française à avoir gagné à Colombes la saison dernière. Et ils espèrent bien réitérer cette performance. Avant le coup d’envoi, Castres est à la sixième position du Top 14, alors que le champion de France en titre n’est que huitième. Les Franciliens affichent pour le moment un jeu bien en deçà du jeu produit lors de la dernière finale du Top 14. Ils peinent à la fois en défense et sur la discipline, qui étaient les deux points forts de cette équipe dans sa conquête du Brennus.
En bref, ça ne motive par vraiment à aller à Colombes un vendredi soir, surtout quand il fait froid un 23 décembre. Et pourtant, même si à 5 minutes du coup d’envoi le stade était encore assez vide, de nombreux retardataires sont arrivés dans le premier quart d’heure de jeu.
Maintenant que le décor est planté, place au match. On notera que les deux clubs n’ont pas titularisé leur demi de mêlée principal, Machenaud étant remplaçant côté Racing (Chauveau titulaire) et Kockott ayant été laissé au repos (Dupont titulaire remplacé par Séron).
Le film du match :
L’arbitre, Maxime Chalon siffle le début du match et Dan Carter frappe le coup d’envoi de la rencontre, loin dans les 22 et les visiteurs se dégagent et trouvent une touche à l’entrée de leur 22m. C’est la première et dernière fois que les Castrais verront le ballon dans le premier quart d’heure de la partie.
Durant les 5 premières minutes, le Racing cherche à faire mal à la défense castraise, bien en place, avec un jeu à une passe qui ne leur permet pas de s’installer dans les 22. L’arbitre revient donc à une faute sur un maul et Carter passe les trois premiers points de la partie. On peut noter que grâce à ce coup de pied, il est sûr d’avoir fait un meilleur match que la semaine précédente à Glasgow.VIDÉO. Champions Cup - Racing 92. Dan Carter a-t-il joué le pire match de sa carrière face à Glasgow ?Il doublera la mise une dizaine de minutes plus tard, sur une deuxième pénalité. Le Racing mène alors 6 à 0 après avoir monopolisé le ballon et investi les quarante de Castres, sans réussir à s’imposer dans les 22 pendant le premier quart d’heure.
Le CO va se réveiller et enfin, suite à un en-avant Ciel et Blanc, tenir le ballon dans le camp adverse ! Face à une défense très bien en place au milieu du terrain, les Castrais écartent le ballon et entrent dans les 22 franciliens en débordant Teddy Thomas sur son aile. Ils obtiennent une pénalité à 10m face aux perches après une première belle séquence dans les 22 du Racing. Une formalité pour Urdapilleta qui permet au CO de revenir à 6-3.
Après un départ canon du Racing, Castres se réveille et le match devient alors une bataille pour entrer dans le camp adverse. Les deux équipes alternent le jeu au près au milieu du terrain et du jeu au pied d’occupation sans réussir à trouver de brèche. L’ambiance, qui était pourtant bonne en tribunes, commence à retomber. C’est le Racing, bénéficiant de l’indiscipline de ses adversaires, qui va tirer son épingle de ce jeu très fermé, en obtenant une touche à l’entrée des 22 adverses à la 23e minute.
Le réalisme francilien
Une fois de plus, le Racing s’installe à l’entrée des 22 sans réussir à aller plus loin. Les locaux commettent un en-avant et le CO obtient une mêlée près de la touche, à l’entrée de ses 22. La mêlée est stable, Tulou sort le ballon pour Dupont qui dégage au pied. Mais Lauret a eu le temps de sortir pour contrer, et Chauveau récupère et marque en coin le premier essai de la partie, accordé après que Monsieur Châlon a vérifié sur l’écran situé à l’opposé du stade que Lauret ne s’est pas délié trop tôt et que Chauveau n’est pas parti hors-jeu. L’essai ne sera pas transformé et le Racing mène 13 à 3.
Sur le renvoi, les Castrais remettent la main sur le ballon, mais Imhoff intercepte et est repris par Babillot dans les 22 tarnais. Le ballon est écarté vers Lauret qui slalome pour échapper à 3 plaquages avant d’être repris par une cuillère d’Urdapilleta trop tardive. Magnifique essai du flanker francilien transformé par Dan Carter, qui permet au Racing de mener 18 à 3 à la demi-heure de jeu.
Le Racing s’est réveillé et le stade aussi, mais la fête sera courte. Les dix dernières minutes de cette première mi-temps se résument à un enchaînement de jeu au près, d’en-avants et de mêlées au milieu du terrain pour les deux équipes. Le seul évènement marquant est le carton jaune reçu par Jenneker pour un coup d’épaule sur Ben-Arous à la 38e minute, ainsi que les sorties sur blessures de Tulou et Rallier côté castrais.
Des cartons jaunes et des occasions
À la mi-temps, le Racing mène 18 à 3 grâce à un très gros premier quart d’heure et à 5 minutes de folie entre la 25e et la 30e minute de jeu. On notera que malgré la possession et le score à la faveur des Racingmen, ce sont les Castrais qui ont le plus porté le ballon dans les 22 adverses. Les défenses sont en place et le jeu reste fermé. Rien n’est fait pour le Racing.
Au retour des vestiaires, le Racing investi les 22 de Castres sans marquer le moindre point, malgré les nombreuses fautes Tarnaises. À la 48e minute, Combezou écope d'un carton jaune pour sanctionner une répétition de faute depuis le début de ce second acte. Le Racing pilonne, mais ne franchit pas. Chauveau écarte vers l’aile, mais Smith intercepte. Il est repris par Dulin à l’entrée des 22 adverses, et le plaquage est haut. Carton Jaune pour Dulin et les deux équipes se retrouvent à 14 contre 14. Les Castrais ne trouvent pas la touche grâce à un sauvetage de Teddy Thomas et le Racing revient dans le camp de Castres.
Le Racing privé de bonus
Le Racing commence un long pilonnage de la défense castraise qui va tenir 20 minutes. Quand soudain, le ballon est bien écarté par Machenaud, puis volleyé par Chavancy vers Nyanga en bout de ligne. Malgré un bon retour de Combezou, l’essai sera bien accordé à Nyanga. Il reste 7 minutes à jouer et le Racing mène 23 à 3 et tient son bonus offensif.
Mais attention, il reste 7 minutes, et les supporters de l’ASM vous le diront, rien n’est gagné avant le coup de sifflet final ! Grosse réaction d’orgueil de Castres qui finit par trouver la faille grâce à un saut de haies de Combezou à la dernière seconde qui prive le Racing de son bonus. Urdapilleta transforme sur la sirène et le Racing s’impose 23 à 10.
Le bilan :
Ainsi, ce match aura permis de voir le Racing jouer en Champion après un gros passage à vide sur la scène européenne, même si la perte du bonus reste amère. Ce match a aussi été l’occasion pour les Franciliens de battre leur bête noire de la saison dernière.
Au niveau du jeu, malgré de rares fulgurances offensives, le match n’a pas été vraiment spectaculaire, montrant avant tout deux très belles défenses. Mais ce match paradoxal, bien que fermé, a été plutôt agréable à regarder, dans une ambiance assez bonne, ce qui n’est pas toujours le cas à Yves du Manoir.
Le plus gros paradoxe du match reste que le Racing a creusé l’écart pendant une première mi-temps très équilibrée, alors qu’il a été battu 5-7 dans une deuxième mi-temps où les Castrais ont été étouffés sur leur ligne.
Les joueurs en vue :
Côté Racing, Lauret a été magistral dans son registre habituel, la défense, mais il s’est aussi illustré en attaque, offrant le premier essai à Chauveau puis s’offrant le deuxième après un très beau mouvement aussi bien collectif qu’individuel. De même, Chauveau a très bien animé le jeu, voire mieux que Machenaud, et Dulin a été très utile pour la défense et l’occupation, malgré son carton jaune pour un excès d’engagement.
Côté Castres, malgré son carton jaune pour répétition de fautes, Combezou a permis aux siens de ne pas céder le bonus offensif, et a failli empêcher le retour du Racing. À noter, le comeback de Teddy Thomas en Top 14. Même s’il a sauvé les siens d’une touche à 5m de leur ligne, il a manqué cruellement d’agressivité et a manqué plusieurs plaquages.
Alors, peut-on parler d’un "retour en puissance du champion de France" ? Ce serait parler un peu vite, mais les Ciel et Blanc ont réussi à se faire pardonner par leur public. Le Racing revient dans le Top 6 (5e place) cédant la 8e position à son adversaire du jour.
Moumoune
Super article! Bien écrit! Bien mieux que ce qu'on peut lire sur Rugbyrama ou l'équipe.
ced
Teddy va falloir qu'il arrête la crème fraîche dans les pâtes